Réseaux Sociaux : Amis ou Ennemis de votre santé alimentaire ?

[Article mis à jour le 08/09/2020]

A l’instar de beaucoup de médias comme la presse people, les réseaux sociaux sont pointés du doigt comme étant un vecteur du culte du paraître. En témoigne la réactivité de la France souhaitant limiter l’accès aux sites incitant l’anorexie dans son projet de loi de santé de 2015.

Qui suis-je et quelles sont mes ambitions ?

Je m’appelle Lucie, maman Normande installée dans la région nantaise depuis une dizaine d’années. Avec la naissance de mes enfants, j’ai pris et gardé quelques kilos en trop. Désireuse de retrouver ma forme d’avant grossesse, j’ai alors commencé à m’intéresser à la nutrition. Jusqu’en 2016, où je me décide enfin de partager mon expérience en lançant le magazine CheckFood, pour que vous puissiez aussi en profiter.
Aujourd’hui, le site a grandi et je suis accompagnée d’une belle équipe composée de diététiciennes et de coachs sportifs. Ces experts sont là pour vous guider vers une alimentation plus saine et équilibrée.

Les informations sont-elles vérifiées ?

Les articles que vous lisez sont rédigés par l’équipe de nutritionniste qualifiée et expérimentée avec laquelle je correspond régulièrement. Les informations que vous retrouvez dans nos rédactions sont destinées à vous aider dans votre quotidien et vous guider dans votre nutrition. En revanche, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé avant de prendre des décisions.
Retrouvez chacune de nos diététiciennes juste ici !

Miroir

Exposer son mode de vie sur les réseaux sociaux

Mais, à contrario de cette position réglementaire très suspicieuse du rôle des réseaux sociaux, de plus en plus de personnes cherchent dans le même temps à partager leur mode de vie sur la toile. En publiant leurs plats équilibrés, en surexposant leurs activités sportives et en cherchant à tout prix à mettre leur corps en valeur. Si les auteurs et autrices de ces différentes publications peuvent se sentir conforter dans leur démarche et dans leur mode de vie, notamment par les systèmes de « j’aime » et de « like » des différentes plateformes numériques, elles créent par la même manière des extranéités négatives sur les personnes suivant sa progression.

En effet, en surexposant un mode de vie parfaitement sain, en le faisant passer pour une pratique courante et répandue, alors qu’il est en réalité partiel voire même épisodique. On donne l’image d’un accès à ce dernier indéniablement inaccessible, en tout cas pour le profane n’ayant pas encore changé ses habitudes alimentaires et sportives. Cette pratique consistant à embellir, partager et vouer un véritable culte à l’alimentation s’est même vue attribuer l’affabulation de « Food Porn » (1), l’équivalent en français de la pornographie alimentaire. Il est important de mettre en avant que même en ayant une alimentation équilibrée et pratiquant une activité sportive, n’importe qui, même un diététicien nutritionniste, commande une pizza ou des sushis de temps en temps. De même que les pâtes-gruyère sont pour tous une étape à passer lorsque le frigo sonne creux. Mais ces aléas d’un mode de vie sain, que l’on souhaite exposer sont passés sous silence, au motif qu’ils viendraient noircir le tableau et tant pis s’il n’y a pas de publication alimentaire pendant une journée.

Réseaux sociaux

Perfection et culpabilité

La conséquence première est que les personnes souhaitant s’inspirer de tels modes de vie adoptent une perception de ces derniers comme étant une « perfection » sans encombre. Voire même culpabiliser certaines personnes fragiles ayant une alimentation plutôt correcte, les persuadant d’avoir en réalité un mode de vie fait de malbouffe et d’oisiveté. Une étude de l’université de Pittsburgh (2), publiée le 5 mai 2017, suggère ainsi une corrélation entre l’addiction aux réseaux sociaux et des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, orthorexie, etc.). Cette surexposition d’activités de fitness et d’assiettes parfaitement équilibrées augmenterait d’environ 250% le risque d’être concerné par des troubles liés à l’alimentation.

Cependant, dans un entretien pour Madame Figaro (3), le sociologue Antonia Casilli affirme que cette étude ne montre pas une « corrélation », c’est-à-dire une relation de cause à effet entre les réseaux sociaux et les troubles du comportement alimentaire. Mais plutôt une relation « d’association » qui s’expliquerait par le fait qu’une personne ayant des soucis avec l’alimentation aura plus tendance à s’exposer à différents modes de vie sains. De plus, l’étude démontre que les personnes exposées aux troubles sont souvent les jeunes générations (18-35 ans), or cette génération a pour principale caractéristique d’avoir un intérêt social plus poussé que les précédentes sur l’esthétisme et l’image d’eux même. Le sociologue, insiste donc sur la dangerosité d’attribuer aux réseaux sociaux la responsabilité des troubles du comportement alimentaire, ces derniers étant beaucoup plus complexes. Pouvant être générés par un simple manque d’infrastructures de santé poussant des personnes à chercher de l’aide sur internet, un climat de compétition dans une entreprise, etc. Les troubles du comportement alimentaire sont d’ailleurs très souvent dus à des expériences très personnelles.

Réseaux sociaux et santé alimentaire ne sont pas opposés

Les réseaux sociaux ne sont donc pas les ennemis de la santé alimentaire. Avoir conscience des effets néfastes qu’ils peuvent avoir sur le comportement est certes important ; mais tout comme la modération des causes à leurs attribuer. Il faut regarder les causes et les conséquences des troubles alimentaires avec un recul scientifique nécessaire.

Les réseaux sociaux sont d’ailleurs sources d’effets positifs qui sont moins mis en avant. Outre l’exposition et la facilité d’accès qu’ils offrent à des pratiques de vie saines, ils peuvent se révéler être un outil bénéfique pour plusieurs troubles du comportement alimentaire.

La jeune canadienne Jordane Giguère raconte dans une interview pour le Huffingtonpost (4) qu’elle s’est sortie petit à petit de son anorexie par le biais de son compte Instagram. En publiant ses ressentis et en ayant le soutien sans faille d’une communauté d’un millier de personne, la jeune femme a pu tenir bon et se sentir épauler. L’accompagnement et l’entourage étant des biais très importants pour guérir un trouble du comportement alimentaire. Dans la même veine, la publication de Rachel Legrain-Trapani (Ex Miss France 2007) d’une photo d’elle 10 ans après son élection a pu rassurer de nombreuses femmes sur l’évolution du corps entre 18 et 28 ans. Cette démarche assumée par cette dernière est très louable « Je voulais dire : Pas de panique les filles je suis comme vous, en sortant de la maternité je n’ai pas remis mon pantalon taille 36, je suis une femme normale de 28 ans maman » (5).

Les réseaux sociaux sont donc à double tranchant résume Caroline Pesant, pédiatre spécialiste en troubles alimentaires. Ils peuvent être un vecteur d’encouragement d’une vie saine et pour les cas les plus graves vers une sortie de la maladie, tout comme ils peuvent aussi être une justification de la symbiose qu’on ressent avec sa maladie en cherchant du soutien, pouvant causer un véritablement enfermement du patient.

Les réseaux sont avant tout des outils. Comme tout outil, ils font ce qu’on en fait. Il est nécessaire d’avoir conscience de leurs inconvénients et de leurs cotés bénéfiques, pour un usage à bon escient.

(1) Le Food Porn, c’est quoi ? – RestoConnection – 9/11/2015
(2) Journal of the academy of nutrition and dietetics – 5/05/2017
(3) Les réseaux sociaux favorisent-ils les troubles alimentaires ? – Madame Figaro – 19/05/2017
(4) Instagram comme moyen de combattre les troubles alimentaires – HuffingtonPost – 22/08/2016
(5) Rachel Legrain-Trapani, Miss France 2007, victime de body shaming – Youtube : Brut. – 23/06/2017