[Article mis à jour le 30/04/2020]
Le diabète, fléau des temps modernes, nous pousse de plus en plus à être soucieux de notre alimentation.
Selon l’OMS, cette pandémie touche 3,3 millions de français et 425 millions de personnes dans le monde.
Lors de mes consultations, il est fréquent de rencontrer des patients récemment diagnostiqués diabétiques. Ces derniers sont bien souvent surpris et ne savent pas par quels moyens faire face à cette pathologie.
Il est indéniable qu’une prise en charge diététique rapide est indispensable lors de la découverte d’un diabète.
Sommaire
Qu’est-ce que le diabète ?
Le diabète se caractérise par une hyperglycémie chronique, autrement dit un taux de glucose (glycémie) trop élevé dans le sang. Le glucose est un sucre simple que l’on retrouve naturellement dans l’alimentation.
Cette hyperglycémie résulte d’un trouble de l’assimilation, de l’utilisation et du stockage des sucres apportés par l’alimentation.
Que se passe-t-il physiologiquement après un repas ?
Lorsque nous mangeons, une des premières étapes de la digestion permet aux glucides de se transformer en glucose. Ainsi, le glucose formé entraîne une augmentation du taux de sucre dans le sang. (= phénomène d’hyperglycémie)
Le pancréas détecte alors l’augmentation de la glycémie. Il va, par l’intermédiaire de certaines cellules appelées « cellules bêta », secréter de l’insuline.
L’insuline a pour rôle de faire pénétrer le glucose dans les cellules de l’organisme, notamment les muscles, les tissus adipeux, le foie où il sera transformé et stocké.
L’insuline est une hormone responsable notamment de la régulation de la glycémie. Elle est secrétée continuellement par les cellules bêta situées dans des ilots de Langherans situés dans le pancréas. En fonction des besoins et des aliments consommés, l’organisme adapte sa quantité de sécrétion.
Cette étape de sécrétion d’insuline permet une réduction de la quantité de glucose dans le sang et donc une régulation de la glycémie.
A l’opposé de l’insuline, on retrouve le glucagon. Le glucagon est une hormone également secrétée par le pancréas. Son rôle, quant à lui, est d’augmenter la glycémie. Il va utiliser le glycogène (le glycogène est résultat de la transformation du glucose par l’insuline) présent dans le foie pour le libérer sous forme de glucose dans le sang. Sa fonction est donc opposée à celle de l’insuline. Le glucagon est notamment sollicité lors d’un effort ou d’une fatigue intense.
Du côté pathologique
Malheureusement, il arrive que dans certains cas, la sécrétion d’insuline ne soit plus adaptée aux besoins (diminuée voire inexistante).
Cette réponse insulinique inadéquate empêche alors le glucose d’entrer dans les cellules. Le glucose est contraint de rester en excès dans le sang entraînant ainsi une hyperglycémie chronique ou autrement dit, un diabète.
Certains diabètes sont précédés d’un stade intermédiaire appelé « prédiabète ». Lors de cette phase, la glycémie est plus élevée que la normale mais pas suffisamment pour établir un diagnostic de diabète avéré. Bien souvent ce stade précède une apparition imminente d’un diabète de type 2, la prise en charge diététique est donc essentielle.
Quels sont les différents types de diabète ?
- Le diabète de type 1 autrefois appelé « diabète insulinodépendant » est dans la majorité des cas découvert durant l’enfance ou l’adolescence. Il représente 10% des diabétiques.
Le DT1 est une maladie auto-immune. En effet, on observe une destruction des ilots de Langherans et donc des cellules Bêta par l’organisme lui-même. Il en résulte une incapacité pour le corps à sécréter les quantités nécessaires d’insuline.
Les symptômes du diabète de type 1 sont particuliers ; on observe notamment une soif intense, des urines abondantes et fréquentes, ainsi qu’un amaigrissement.
L’unique traitement est la prise d’insuline (par injection ou avec une pompe à insuline).
- Diabète de type 2 est la forme la plus majoritaire (environ 90%). A l’opposé du diabète de type 1, le type 2 apparait le plus souvent après 40 ans.
Le DT2 est confirmé après trois étapes :
- Un état d’hyperglycémie trop fréquent provoque une réponse insulinique importante et régulière. De ce fait, les tissus développement une résistance face à l’insuline, on parle alors d’insulinorésistance.
Le vieillissement est un facteur propice à cette insulinorésistance ; cependant, cette résistance est aggravée par un état d’obésité/surpoids. - La seconde étape est caractérisée par l’hyperinsulinisme. L’organisme tente de pallier cette résistance en augmentant sa sécrétion d’insuline.
- Après de longues années d’hyperglycémie chronique, le pancréas va s’épuiser et ne pourra plus sécréter en quantité suffisante l’insuline nécessaire. La quantité en insuline est carencée. On parle d’insulinodéficience.
Les causes génétiques de l’apparition d’un DT2 sont minoritaires. Un surpoids, une alimentation déséquilibrée et un manque d’activité physique sont des facteurs favorisants un DT2.
Une prise en charge diététique est alors indispensable. Un traitement par antidiabétiques oraux ou injectable peut être mis en place. Des injections d’insuline sont utilisées en derniers recours, si l’évolution de la maladie est trop avancée.
- Le diabète gestationnel est découvert durant la grossesse.
Ce type de diabète peut cependant être existant bien avant la grossesse et se révéler lors des bilans sanguins.
Dans la plupart des cas, des mesures diététiques suffisent. Si la glycémie est instable et devient dangereuse pour la femme enceinte, alors de l’insuline pourra être nécessaire. Ce type de diabète disparaît normalement après l’accouchement si le suivi diététique est assuré.
Les conséquences pour le bébé et pour la femme enceinte peuvent être multiples : Hypertension artérielle gravidique, pré éclampsie, accouchement prématuré, insuffisance rénale, macrosomie fœtale…
- Diabète Mody (Maturité Onset Diabète of the Young) constitue une des formes de diabète les plus rares (2%) .
Il en existe six formes différentes selon la mutation du gène concerné.
Son origine est donc génétique et concerne majoritairement des sujets jeunes non obèses.
La thérapeutique se rapproche plutôt d’un DT2 avec dans un premier temps une prise en charge nutritionnelle et, selon l’avancée de la maladie, la prise d’antidiabétique voire d’insuline.
- Le diabète de type 3 « le diabète du cerveau »
Des études récentes montrent un lien entre le diabète et la maladie d’Alzheimer.
Des récepteurs à l’insuline sont présents dans le cerveau ; ainsi en cas de diabète ; ces cellules ne pourront être nourries par le glucose. Ce phénomène contribue à la dégénérescence de certains neurones, notamment dans le cadre de la maladie d’Alzheimer
Les personnes atteintes de DT2 ont 50% de risques en plus de développer Alzheimer.
De plus, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer présenteraient une perte de sensibilité à l’insuline. C’est donc un cercle vieux entre ces deux pathologies.
La surveillance à l’égard de ces deux maladies doit être très élevée.
Les conséquences de tous ces types de diabètes sont multiples et peuvent être extrêmement grave : Maladies cardiovasculaires, troubles oculaires, neuropathies, sensibilités aux infections…
Mesures hygiéno-diététiques
L’activité physique est un facteur à ne pas négliger pour une prise en charge du diabète. Elle contribue sur divers points :
- Diminution de la masse graisseuse
- Augmentation de la sensibilité de l’organisme à l’insuline (GLUT4)
- Diminution des risques cardiovasculaires
- Maitrise du poids
- Diminution du cholestérol et des triglycérides
- Baisse de l’hémoglobine glyquée
- Réduction du stress
L’activité physique doit, bien entendu, être adaptée selon la pathologie du patient. L’apprentissage du contrôle de sa glycémie est primordial lors d’une pratique d’activité afin d’éviter le risque d’hypoglycémie qui peut s’avérer mortel.
D’un point de vue nutritionnel
L’alimentation d’un diabétique doit être le fondamental de sa thérapeutique.
Ainsi, l’idéal est de toujours débuter son repas par une crudité. En effet, les fibres contenues dans les crudités limitent une hausse de la glycémie. De plus, la teneur élevée en vitamines et minéraux est intéressante pour pallier les risques de carences.
La structure du plat doit, quant à elle, être divisée en trois parties :
- Une part de protéines animales (viande/poisson/œuf) représentant environ 1/3 de l’assiette. Les protéines, outre leur effet rassasiant, ont un rôle fondamental pour l’organisme, notamment pour le maintien des tissus musculaires.
- Une part de féculents. Idéalement 1/3 de l’assiette. Les féculents complets sont à privilégier notamment par leur forte teneur en fibres. Les quantités de féculents consommés à chaque repas doivent être les plus égaux possibles de manière à stabiliser la glycémie
- Une part de légumes représentant ½ de l’assiette. Un repas riche en légumes retarde l’absorption des glucides et contribue à la prévention des maladies cardiovasculaires.
Quant au dessert, l’idéal est d’associer un produit laitier à un fruit « brut ».
Afin de limiter les variations de glycémie, les aliments à index glycémique bas doivent être privilégiés
L’index glycémique est la capacité d’un aliment à faire augmenter la glycémie dans le sang après son absorption.
Aliments à IG bas | Aliments à IG haut |
– Sirop d’agave – Fruits bruts (pommes, oranges, poires, bananes) – Légumes verts – Légumes secs et légumineuses (haricots rouges, haricots blancs, lentilles, pois chiches, pois cassés..) – Quinoa, boulgour – Pâtes complètes cuissons « al dente » – Riz complet – Pomme de terre en salade froide – Pain complet au levain | Sucre et produits sucrés (viennoiseries, pâtisseries…) Compote (cuisson + broyage) Fruits secs (à associer aux oléagineux) Fruits pressés Pâtes ordinaires -> gratins de pates Riz blanc, riz cuisson rapide Pomme de terre vapeur, frites Pain blanc, pain de mie, biscottes |
Conseils
- Consommer le plus souvent des aliments « bruts » (entiers) : éviter de trop les cuire, les mixer, les presser
- Toujours mélanger les féculents au double de quantité de légumes afin de diminuer l’index glycémique du repas.
Il est important de ne jamais consommer de produits sucrés en prise isolée afin d’éviter une hyperglycémie. Il faut systématiquement associer un produit sucré à un produit laitier ou un féculent complet.
Concernant les boissons, l’eau est bien entendu la boisson à privilégier. L’alcool, les sodas ou autres boissons sucrées ont un impact significatif sur la hausse de la glycémie. Ainsi, il sera préférable de les consommer au cours d’un repas.
« Ce n’est pas le sucre qui donne du diabète. Le régime diabétique est un régime normocalorique et équilibré. Cela veut dire que le diabètique doit manger comme nous devrions tous le faire, et si le diabètique a une alimentation particulière, c’est parce que le reste de la population mange trop mal » Dr Michel Cavey – alimentation du sujet âgé-famidac-Mars 2008.
Lou Petitjean, de formation diététicienne, je me suis rapidement intéressée à un domaine de prise en charge beaucoup plus large. En effet, en parallèle de mon cabinet de diététique, j’ai intégré un pôle d’exploration des apnées du sommeil à la clinique Bel Air à Bordeaux. Mon activité au sein du pôle sommeil ne se résume pas à la prise en charge diététique, j’ai également un rôle de technicienne du sommeil (Pose, dépose et interprétations des polysomnographies).