Histoire vraie : consultation avec une diététicienne

[Article mis à jour le 20/11/2020]

En tant que diététicienne libérale, formée par le G.R.O.S. (Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids), je partage avec vous aujourd’hui un extrait de consultation ayant eu lieu au cabinet. Le/la patient(e) (« P ») prend contact par téléphone et dit souffrir de surpoids, je (« T » pour thérapeute) le/la rencontre pour la première fois.

Qui suis-je et quelles sont mes ambitions ?

Je m’appelle Lucie, maman Normande installée dans la région nantaise depuis une dizaine d’années. Avec la naissance de mes enfants, j’ai pris et gardé quelques kilos en trop. Désireuse de retrouver ma forme d’avant grossesse, j’ai alors commencé à m’intéresser à la nutrition. Jusqu’en 2016, où je me décide enfin de partager mon expérience en lançant le magazine CheckFood, pour que vous puissiez aussi en profiter.
Aujourd’hui, le site a grandi et je suis accompagnée d’une belle équipe composée de diététiciennes et de coachs sportifs. Ces experts sont là pour vous guider vers une alimentation plus saine et équilibrée.

Les informations sont-elles vérifiées ?

Les articles que vous lisez sont rédigés par l’équipe de nutritionniste qualifiée et expérimentée avec laquelle je correspond régulièrement. Les informations que vous retrouvez dans nos rédactions sont destinées à vous aider dans votre quotidien et vous guider dans votre nutrition. En revanche, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé avant de prendre des décisions.
Retrouvez chacune de nos diététiciennes juste ici !

Déroulement du rendez-vous

– P: « Bonjour, j’aimerais perdre une dizaine de kilos. J’ai déjà essayé de manger une pomme par jour, j’ai fait les régimes ****, j’ai supprimé le sucre, le gras, j’ai mangé vapeur, …. Parfois ça marche mais en général au bout d’un moment, je reprends tout le poids et même plus. Cette fois, je veux que ce soit durable et pour ça, j’ai acheté une balance, je suis prête à tout peser, à être plus stricte, je vais tenir et ne pas craquer, je vais suivre vos conseils à la lettre, dites moi ce qu’il faut faire.

– T: Il n’y a aucun doute, vous avez une volonté de fer et votre motivation n’est plus à prouver. Seulement, êtres vous sûre que la méthode soit adaptée ? Vous dites vous même qu’au bout d’un moment, vous revenez à vos anciennes habitudes et vous êtes aujourd’hui à un poids supérieur à celui de départ, sans jamais avoir cessé de vouloir en perdre …

– P: Je suis d’accord mais comment faire ?

– T: Qu’est ce qui selon vous, vous empêche de maigrir sur le long terme ?

– P: Le sucre ! Je suis accro ! Impossible pour moi de m’en passer…

– T: Que pensez vous alors, de travailler dans un premier temps sur les quantités des autres aliments, ceux qui ne sont pas sucrés. En les mangeant en moindre quantité, votre poids va commencer à baisser. 

– P: Bah ça ne peut pas marcher, c’est le sucre qui fait grossir !

– T: Qu’est ce qui fait le plus grossir d’après vous : 100 calories de sucre ou 100 calories de brocolis ?

– P: C’est évident, 100 calories de sucre vont me faire davantage grossir. Le sucre se stocke et n’apporte pas la même chose au corps que les brocolis.

– T: Pouvez vous imaginer que ce qui fait grossir est le dépassement du nombre de calories nécessaires au quotidien, peu importe la source de l’apport ? 

– P: C’est difficile, on ne nous apprend pas cela.

– T: Ce que vous avez appris jusqu’à aujourd’hui vous a permis de maigrir ?

– P: Non, je vous l’ai dit tout à l’heure, j’ai pris du poids … 

– T: Vous est il possible alors d’essayer de voir les choses autrement ?

– P: Oui, je peux essayer.

– T: Vous êtes d’accord pour dire qu’un kilo de plumes et un kilo de plomb pèsent tous les deux un kilo ?

– P: Je suis d’accord !

– T: Donc 100 calories de sucre et 100 calories de brocoli apportent 100 calories au corps et ont le même effet sur le poids ?

– P: Oui …

– T: Si mon besoin énergétique est de 2000 calories par jour, quand je mange 1000 calories par jour de viennoiseries, je maigris, et quand je mange 3000 calories d’haricots verts, je grossis …

– P: Vu comme ça …. 

– T: Très souvent, ce qui empêche les patients que je rencontre de perdre du poids est de penser qu’il existe de bons et mauvais aliments. Ils consomment plus que nécessaire les aliments dits « bons » et culpabilisent lorsqu’ils mangent les « mauvais ». Cela ne les empêchent pas de  ne plus manger les « mauvais », je dirais même plus qu’une fois qu’ils ont commencé, « foutus pour foutus », ils en mangent plus que leur besoin.

manger plus que nos besoins

– P: Je me reconnais dans ce que vous dites !

– T: Si aujourd’hui, vous souffrez de surpoids, c’est que vous avez apporté par moment à votre corps plus de calories que ce dont il avait besoin. Nous allons alors progressivement réajuster vos apports par rapport à vos besoins. Cela peut débuter par une diminution des portions des aliments dont il vous est plus facile de vous séparer. Qu’en pensez vous ?

– P: Dans ce cas, je ne vais plus manger de légumes et que des biscuits. On ne peut pas maigrir quand on ne mange pas équilibré si ? En plus, je vais avoir des carences …

– T: A votre avis, après des mois de petits déjeuners, déjeuners, et dîners faits de bonbons, pâtisseries et de biscuits au chocolat, vous allez avoir envie d’un plateau de mignardises ou d’un plat varié et diversifié ?

– P: Je vais être dégoûtée des sucreries que j’aime tant. Alors, c’est ça le secret ? Me dégouter pour ne plus être tentée ?

– T: Peut on imaginer plutôt s’autoriser à en manger, prendre plaisir à le faire, éprouver une réelle satisfaction après la dégustation, ne plus avoir peur des conséquences sur le poids, afin d’en réguler naturellement les quantités, sans se restreindre et se mettre systématiquement en position d’échec ?

– P: Vous me parlez d’entamer une réconciliation avec le sucre plutôt que de continuer la lutte, c’est  bien ça ? Vous pensez vraiment que ça va m’aider à perdre du poids ?

– T: J’en suis convaincue, et vous ?

– P: Encore faut il que j’arrive à m’arrêter à mon besoin !! Mais d’ailleurs, comment je sais quel est mon besoin ? Et comment puis je le respecter ?

– T: A votre avis, comment pouvez vous savoir si vous avez besoin de manger ?

– P: Mon ventre, la faim !

– T: Tout à fait !

– P: Mais c’est très dur d’arrêter de manger quand on a plus faim. Je suis très gourmande vous savez ! Surtout quand autour de moi, les autres mangent encore ou quand je sais qu’il reste du gâteau …

– T: Pensez vous qu’en vous interdisant à chaque fois de manger, le problème sera résolu ?

– P: Quand je n’ai pas le moral, c’est impossible. Pourtant je sais qu’il ne faut pas grignoter. C’est dans ces moments là que j’ai davantage envie de sucre.

– T: Dans ces moments là, le sucre vous permet d’aller mieux ?

– P: Sur le moment oui, mais après je culpabilise. Je me promets alors de ne plus le faire.

– T: Et cela fonctionne ?

– P: Non pas vraiment, c’est un cercle vicieux …

– T: Pouvez vous imaginer alors que moins ces envies seront satisfaites et plus elles vont revenir ?

– P: Oui mais quand même, les satisfaire est dangereux … 

– T: Au début oui, changer une habitude n’est pas si simple. Cela prend du temps. Est ce votre priorité aujourd’hui ?

– P : Oui, tout à fait !

– T: Vous en sentez vous capable ?

– P: Oui je crois … »